mardi 17 juin 2014

O comme... les Optants d'Alsace-Moselle

Je vous propose de revenir aujourd'hui à mes ancêtres maternels, et plus particulièrement aux MERKLEN et aux DELY. Ces deux familles subirent de plein fouet les conséquences de la guerre de 1870, car ils habitaient dans les territoires cédés par la France dans le traité de Francfort.





Je ne vais pas revenir en détail sur la guerre franco-allemande de 1870, car je suis loin d'en être un spécialiste. Je rappellerai simplement que cette guerre opposa du 19 juillet 1870 au 29 janvier 1871 l'Empire Français de Napoléon III et les Etats allemands réunis sous l'égide du Royaume de Prusse [1].

Elle se termina par la défaite française et la victoire des Etats allemands qui s'unirent en un Empire allemand, proclamé au Château de Versailles le 18 janvier 1871.

Une des conséquences les plus importantes de cette défaite fut l'annexion par le Reich de ce qu'on nomme habituellement l'Alsace-Lorraine, mais plus précisément :
  • Le Bas-Rhin
  • Le Haut-Rhin, sauf l’arrondissement de Belfort, qui deviendra un département
  • En Moselle, les arrondissements de Sarreguemines, Metz et 11 communes de l'arrondissement de Briey
  • En Meurthe, les arrondissement de Sarrebourg (moins 9 communes, et Château-Salins
  • Dans les Vosges, les cantons de Saales et Schirmeck
Ainsi, la France perd 1694 communes et près de 1 600 000 habitants.

C'est le traité de Francfort du 10 mai 1871 qui définit les territoires cédés par la France, mais également le devenir de ses habitants [2].


Carte topographique du Reichsland Elsaß-Lothringen - domaine public

Ainsi, dans son article 2, le traité prévoit qu'ils auront la possibilité d'opter pour la nationalité française, sous certaines conditions :

"Les sujets français, originaires des territoires cédés, domiciliés actuellement sur ce territoire, qui entendront conserver la nationalité française, jouiront, jusqu'au 1er octobre 1872, et moyennant une déclaration préalable faite à l'autorité compétente, de la faculté de transporter leur domicile en France et de s'y fixer, sans que ce droit puisse être altéré par les lois sur le service militaire, auquel cas la qualité de citoyen français leur sera maintenue. Ils seront libres de conserver leurs immeubles situés sur le territoire réuni l'Allemagne. Aucun habitant des territoires cédés ne pourra être poursuivi, inquiété ou recherché, dans sa personne ou dans ses biens, à raison de ses actes politiques ou militaires pendant la guerre."

Une convention complémentaire porte au 1er octobre 1873 la possibilité d'opter pour les personnes originaires de ces territoires et résidant hors d'Europe.

Ces personnes sont surnommées les optants. On trouve plusieurs catégories d'optants qui ont toutes le points commun d'être nées dans les territoires cédés :


  • les Alsaciens-Lorrains résidant en France non-annexée et leurs enfants mineurs nés hors des territoires annexés qui doivent opter avec les parents,
  • les Alsaciens-Lorrains résidant dans les colonies (notamment en Algérie) ou dans un pays étranger, même remarque concernant les enfants mineurs du cas précédent,
  • les Alsaciens-Lorrains, militaires ou marins exerçant sous le drapeau français, mais également les prisonniers, y compris les bagnards,
  • les Alsaciens-Lorrains résidant dans les territoires annexés et souhaitant quitter ces territoires pour aller s'installer en France ou à l'étranger.

Environ 539.655 personnes optèrent au total, mais seulement 160.878 habitaient les territoires annexés. Et finalement, seulement 49.926 partirent effectivement.

Il faut bien se rendre compte que ce départ était un vrai déchirement, qu'il fallait partir pour ne plus revenir, et laisser derrière soit toute une vie, sa famille, ses amis.

Parmi mes ancêtres, deux familles furent concernées.

Tout d'abord la famille MERKLEN, dont j'ai déjà parlé dans mon tout premier article du ChallengeAZ de 2013 intitulé A comme... Ancêtres Alsaciens. Cyriassus MERKLEN, sa femme Pétronile MERKLEN et leurs 4 garçons habitaient Ranspach dans le Haut-Rhin. Leur dernier fils, Joseph y était né en juin 1870.

Je ne sais pas à quel endroit ils optèrent, mais je sais qu'en 1880 la famille habitait à Thaon-les-Vosges, près d'Epinal.

On trouve bien des MERKLEN qui ont opté à Ranspach dans la base de données du C.O.D.A.M : il faudra donc que je consulte les cahiers correspondants pour en savoir plus.


La famille DELY fut également concernée : Joseph DELY et sa femme Henriette FRANQUIN habitaient en effet Ancy-sur-Moselle, petit commune au nord de Pont-à-Mousson, avec leurs deux fils Alfred et Charles.

En avril 1872, au moment de la naisance de leur fille Rosalie, ils sont à Ars-sur-Moselle, commune également annexée, mais en août 1875, au décès de Charles, on les retrouve à Pompey, commune toute proche de Nancy et restée française.

Contrairement aux MERKLEN, les DELY n'apparaissent pas dans la base de données du C.O.D.A.M. Je ne sais pas si leur option n'a pas encore été relevée par l'association ou si la famille n'a effectivement pas opté.


Sources :
[1] Wikipedia Guerre franco-allemande de 1870 http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_franco-allemande_de_1870
[2] Site de l'association des Chercheurs d'Optants des Départements d'Alsace et de Moselle (C.O.D.A.M.) http://www.optants.fr/OPT.htm

1 commentaire:

  1. Merci pour cet article. J'ai retrouve mes "Optants" du Haut-Rhin qui etaient deja passes dans les Vosges avant 1872 en epluchant les "Etats d'Alsaciens et Lorrains qui ont opte pour la nationalite francaise" dans les "Bulletins des Lois de la Republique Francaise - Partie Supplementaire". Ce fut fastidieux, mais quel plaisir de les decouvrir. Les tomes sont numerises par Google.

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