W comme... Wagram

Si certaines lettres m'ont posé problème au cours de ce challenge, ce n'est pas le cas du W. Je savais dès le départ que mon sujet serait la bataille de Wagram, tant ces événements ont marqué la famille VILLECOURT.

Mon ancêtre Henry VILLECOURT, 2ème enfant de Benoit VILLECOURT et Anne Françoise VERRIER naquit à Montmelard le 19 janvier 1781.

Devenu cultivateur, il se maria le 10 Pluviôse An VII (29 janvier 1799) à Matour [1] avec Marie LATHUILIERE de Dompierre-les-Ormes, village voisin de Montmelard. Agé de seulement 18 ans, Henry épousait une femme 35 ans.

Le couple eut 2 enfants :

1. Jean Marie, né le 12 Brumaire An IX (3 novembre 1800) à Monnet, hameau de Dompierre-les-Ormes. Il fut cultivateur au hameau de Monnet, puis à Montmelard. C'est dans ce village qu'il épousa le 17 juillet 1828 Antoinette LAROCHE. D'une famille nombreuse, son épouse lui donna 10 enfants tous nés à Montmelard dont 2 ne vécurent que quelques mois. Je decends de Raymond, leur 2nd enfant.
2. Marie, née le 27 Ventôse An XI (18 mars 1803) au même lieu ; elle épousa Etienne CLÉMENT le 6 novembre 1827 à Dompierre. Son époux était cardeur, et ils se déplacèrent beaucoup dans les villages des monts du Beaujolais. J'ai donc eu du mal à retrouver la naissance de leurs enfants, mais ça c'est une autre histoire...

Volontaire, Henry s’engagea dans l’armée napoléonienne et fut incorporé au 18ème régiment d’infanterie de ligne en 1805. Il participa notamment à la campagne d’Autriche, et après avoir perdu un bras sur le champ de bataille de Wagram (juillet 1809) [2], il mourut des suites de ses blessures, sans doute quelques jours après.

Voici l'unique lettre que nous ayons de notre ancêtre.



Lettre d'Henry VILLECOURT à sa femme
et à son frère - 03/03/1809

Metz, le 3 Mars 1809

Ma chere femme et mon frere

         Je repond à votre lettre en datte du
trois fevrier qui ma fait un sensible plaisir
En aprenent que vous jouissez tous d'une
parfaite santé. Pour quand à moi je me
porte assé bien dieu mercy, Et desire que la
presente vous trouve de meme. au moment
où je vous ecris je vien dessuié une maladie.
Je suis sové pour cette fois la...
Pour et a l'egard de Gerin, il est mort à
Maringe dans la Prusse mais il est inutile de
Decrire pour avoire son extrait de
mortuere. Il faut vous adresser au Conseille
d'administration du dix huitième regiment.
Vous navez qu'à me faire reponse desuit
et je ferer mon posible pour vous le
faire passé.
         Je suis on ne peut plus content
d'aprendre que ma femme se porte bien
insi que mes povres enfants insi que
mon frere sa femme et ses enfents.
Je suis chamé que vous vous etes arrengé
en brave avec ma femme. Je remerci mon
beau frere des egards qu'il a eu pour
ma femme. Je fini en vous embrassant
tous et suis pour la vie votre frère

                                         Vilcour

Quelques années plus tard, l’empereur Napoléon 1er instaura une rente annuelle de 500 francs pour certains soldats blessés ou pour les descendants de soldats morts dans ses troupes.

Cette rente étant transmise de génération en génération aux enfants mâles par ordre de primo géniture, Alain VILLECOURT, un de mes cousins germains, touche encore actuellement quelques euros tous les ans du fait de la mort de notre ancêtre pour le premier empire.

D’après la tradition familiale, Henry aurait été décoré de la Légion d’Honneur. Néanmois, les recherches entreprises au début du siècle dernier par un ami de mon arrière-grand-père, Pierre VILLECOURT, n’ont pas permis d’en rapporter la preuve. Cela ne veut néanmoins pas dire qu’il ne fut pas décoré, car de nombreux dossiers ont été détruits pendant la Commune lors de l’incendie de l’Hôtel de Salm, siège de la Légion d’Honneur. 

 

Nota :

[1] Par la loi du 23 Fructidor An VI ( 30 août 1798), fut instituée l'obligation de célébrer les mariages au chef-lieu du canton et ce à partir du 1er Vendémiaire An VII (22 septembre 1798). Cette obligation est restée en vigueur jusqu'au 7 Thermidor An VIII (26 juillet 1800).

[2] La bataille de Wagram, se déroula autour de l’île de Lobau sur le Danube les 5 et 6 juillet 1809 et eut pour résultat la victoire de la Grande Armée française, sous le commandement de Napoléon Ier, sur l’armée autrichienne dirigée par l’Archiduc Charles.