lundi 31 mars 2014

Le métier de cardeur

Le geneatheme du mois de mars qui s'achève consistait à découvrir ou redécouvrir les métiers de nos ancêtres. Comme la plupart d'entre-nous, beaucoup de mes ancêtres étaient vignerons ou laboureurs. C'est complètement par hasard, que j'ai découvert le métier de cardeur que je vous présente aujourd'hui.




Quand je me suis mis en quête de mes ancêtres, je ne me suis pas cantonné à mon ascendance directe : j'ai toujours essayé de reconstituer les fratries et de noter leur descendance dans les registres que j'épluchais, quitte à être submergé d'informations à traiter. C'est ainsi que j'ai trouvé l'acte de mariage de Marie VILLECOURT, soeur de mon ancêtre Henry. Dans cet acte du 6 novembre 1827 à Dompierre-les-Ormes [1], l'époux Etienne CLEMENT est dit "ouvrier en coton". 

C'est quelques années plus tard, dans l'acte de naissance de leur fils Antoine Marie en 1836, qu'apparaît le terme de cardeur, métier qu'Etienne exerce toujours par la suite dans les actes dans lesquels il est cité.

 
Acte de Naissance de Antoine Marie CLEMENT - 1836 - St Vincent de Reins [2]


Ne connaissant pas ce métier, que j'avais même initialement déchiffré comme cordeur, j'ai fait quelques recherches.

Le site Les Métiers de nos Ancêtres [3] n'est pas très prolixe sur la question. Il indique simplement que le cardeur est une "Personne démêlant (cardant) la laine. 

La revue "Nos Ancêtres Vie & Métiers" [4] donne plus d'informations sur le métier de cardeur de laine :


(...)Les premiers statuts des cardeurs remontent au 14ème siècle. Leur travail consistait à carder, peigner, arçonner la laine et le coton, couper le poil de castor, de lapin, teindre ces matières et les apprêter de façon à ce qu'elles puissent être mises en œuvre. Selon les termes usités, le cardeur devait savoir "croquer, bouter, drecier".

La cardeuse
Jean-François Millet - Crayon vers 1854 [5]
Le cardage à la main se faisait autrefois avec la tête épineuse d'un chardon, appelé "cardère". Mais le chardon a peu à peu été remplacé par des cardes en fer. Il s'agit de deux outils munis d'un manche et recouvert de nombreuses pointes recourbées, appelées "habillage de la carde". Les cardes devaient posséder 48 dents en largeur et avoir la marque du fabricant. Cette marque permettait de désigner le responsable de cardes défectueuses pouvant nuire à la qualité de la laine. Dans ce cas, les cardes étaient brûlées devant la maison du fabricant.

Le cardage est en effet une opération délicate. Le cardeur travaillait sur un chevalet en bois avec une partie en creux aménagée pour y mettre la laine. Le dessus du chevalet permettait d'y attacher une des cardes en plaçant la pince en bas et le talon en haut. Le cardeur tenait l'autre carde à deux mains dans le sens contraire et peignait la laine jusqu'à ce que les petites pointes métalliques dispersent les fibres. Il existait une variété de cardes en fonction de l'avancée du travail: les "placqueresses" pour le premier travail, les "étocqueresses" pour le second, et enfin les "repasseresses" pour le travail de finition.

Par la suite, ces opérations manuelles ont été mécanisées avec l'invention de la cardeuse où les cardes tournent à des vitesses différentes pour que les petites pointes des brosses dispersent les fibres de la toison. Cependant les cardères servent encore à "peigner" les draps, c'est à dire à les gratter pour les rendre pelucheux(...)


Finalement, c'est Wikipédia [6] qui permet de comprendre plus clairement ce qu'était ce métier :

"Un cardeur est un ouvrier qui carde, c'est-à-dire qui démêle des fibres textiles et les peigne à l'aide d'une carde.
Le cardeur passait le plus souvent à partir du printemps pour découdre les matelas, carder les fibres textiles et recoudre les matelas. L'artisan se déplaçait avec sa carde au domicile du client et travaillait le plus souvent à l'extérieur à cause de la poussière dégagée."




Les Matelassières [7]



Ainsi, Etienne était un ouvrier itinérant qui entretenait les matelas.

Ceci explique que j'ai eu du mal à retrouver sa trace après son mariage. Il devait exercer son art dans les communes à la limite du Rhône et de la Saône-et-Loire, car j'ai trouvé des actes de naissance et de décès de ses enfants dans plusieurs d'entre-elles.

Mais je vous en reparlerai un autre jour, il faut garder des sujets pour le challenge du mois de juin...



Sources :
[1] Acte de Mariage d'Etienne CLEMENT et Marie VILLECOURT, 06/11/1827, Site Internet des Archives Départementales de Saône-et-Loire (AD71), Dompierre-les-Ormes NMD 1823-1832 5E178/4, vue 154
[2] Acte de Naissance de Antoine Marie CLEMENT, 07/07/1836, Site Internet des Archives Départementales du Rhône (AD69), Saint-Vincent-de-Reins, N 1836 4E4716, vue 8
[3] Site http://www.vieuxmetiers.org/ consulté le 31/03/2014
[4] Extraits du dossier "Les tisserands de laine", paru dans la revue "Nos Ancêtres Vie & Métiers" n°4 (2003)
[5] Jean-François Millet [Public domain], via Wikimedia Commons
[6] Site http://fr.wikipedia.org/wiki/Cardeur consulté le 31/03/2014
[7] Photo trouvée sur le Blog de Mamy-Agnès le 31/03/2014

3 commentaires:

  1. Bonjour,

    Autres informations trouvées dans le livre "La France en Héritage" de G Boutet :

    Cardeur, cardeuse : du verbe "carder", du latin "carduus" charbon.
    Personne dont l'ouvrage consistait à peigner les matières filamenteuses et textiles afin de démêler et d'étirer leurs fibres pour en faciliter le filage. Le cardier était le fabricant de cardes.
    autres appellations : l'aboureur, le cardonnier, le drousseur, le louveteur.
    saint patron : saint blaise
    patronymes évocateurs : carde, cardin, cardon, cardonnier, cardoux
    expression populaire : carder le poil à quelqu'un : le maltraiter

    Cordialement,
    Elisabeth

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    1. Merci Elisabeth, je vois votre complément d'informations après avoir publié ma question !

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  2. Bonjour et merci de partager vos recherches sur l'énigme que représente les métiers disparus de nos ancêtres. Un que je rencontre récemment est dit "cardier" à Reims. Serait-il en fait un cardeur ? Ou bien un fabricant de cardes ? Yvette CF

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