Albert PRUDHOMME, mort pour la France le 25 septembre 1914

Il y a 100 ans jour pour jour, mon arrière-grand-père Albert PRUDHOMME mourait pour la France. En ce jour anniversaire, et afin de lui rendre hommage, je vous invite à Chuignes, sur le champ de bataille où il fut tué.

Depuis l'ouverture de mon blog en 2013, j'ai consacré plusieurs articles à Albert :

• P comme... Albert PRUDHOMME, lettres de guerre, où je présentais la correspondance qu'il a entretenu avec sa mère et son épouse pendant les quelques semaines passées au front, qui furent les dernières de sa vie
• Une belle photo de mariage, celle de son mariage avec Lucie MERKLEN, sur laquelle j'ai essayé de repéré qui étaient les invités de la noce
• P comme... Albert PRUDHOMME, mort pour la France, où je partageais quelques photos d'Albert, son livret militaire, et où j'essayais de déterminer le lieu de sa sépulture.

Pour le centenaire de son décès, je vous propose d'explorer avec moi une nouvelle source qui permet de suivre son parcours entre le début des hostilités et son décès prématuré : le Journal des Marche et des Opérations (JMO) du 37^ème Régiment d'Infanterie.

Couverture du JMO du 37ème RI, 31/07/1914 - 17/02/1915

Les JMO sont de grands cahiers manuscrits qui relatent les événements vécus par chaque état-major et corps de troupe au cours d’une campagne.

Les services d'archives de l'armée ayant eu, il y a quelques années déjà, la très bonne idée de numériser les JMO de 1914 à 1918 et de les mettre en ligne sur le site Mémoire des Hommes, je savais donc où consulter celui qui m'intéressait, mais je n'avais jamais pris le temps de le faire.

Je feuillette donc le premier volume concernant le 37^ème RI en même temps que je rédige cet article.

Ce volume couvre la période du 31 juillet 1914 au 17 février 1916.

Il donne d'abord les effectifs et la composition du régiment au 1er août 1914, à savoir :

• l'état-major
• 3 bataillons (12 compagnies)
• 3 sections de mitrailleuse de campagne
• 3 sections de mitrailleuse de forteresse

Vient ensuite le tableau nominatif des officiers. Albert faisait partie de la 6^ème compagnie donc du 2^ème bataillon. Les officiers dont il dépendait étaient donc :

• Le commandant du 37ème RI : Colonel De Lobit
• Le chef du 2^ème bataillon : Kraft
• et pour dans la 6^ème compagnie : le Capitaine Serot, le Lieutenant Bertrand, le Lieutenant Berger Levrault [1] et l'Adjudent Chef Lieffroy

Le JMO commence le 31 juillet et détaille presque heure par heure les mouvements des troupes, d'abord dans les environnements de Nancy, puis dans le périple vers la Somme. Je retrouve bien les lieux qu'Albert avait évoqué dans ses courriers à sa famille.

Je ne vais pas retracer ici le détail de ce parcours, mais il me semble intéressant de voir ce qu'il s'était passé le 25 septembre 1914.

Extrait du JMO du 37ème RI concernant la journée du 25/09/1914 [2]

En voici la transcription :

Conformément aux ordres reçus, du G^al de B^de, le 37^e

s'est porté sur le village de Bray s/Sommes près de Chuignes.

La marche s'est exécutée sans incident, jusqu'au

passage du pont de Froissy. A ce moment, l'ordre a

été donné au 1^er B^tn de se porter directement sur le village de

Chuignes par les pentes N. de la vallée, au 2^e B^tn de prendre pied

sur le plateau cote 83(?) et d'attaquer Chuignes par le N.

Le village de Chuignes était défendu par des troupes

allemandes dont la force était, audire des habitants de 2 à 3

Btns, installées dans des tranchées pourvues de mitrailleuses et

fortement appuyés par 2 batteries : 1 de campagne et 1 de 105( ?)

placées à la sortie E du village dans un rentrapied formé par les

Bois qui boisent la lisière N. de Chuignes. Vers midi, le

village de Chuignes fut enlevé par le 2^e B^tn, tandis que

le 1^er B^tn prenait pied fortement sur le plateau au N. de

Chuignes, où il était soumis à un violent feu d'artillerie.

Le 2^e B^tn eut à faire à environ 2 C^ies organisées

et retranchées dans le village. Aux abords, se trouvaient

au moins, 3 sections de mitrailleuses battant parfaitement

les abords. Aussi les pertes du 2^e B^tn furent-elles rapidement

très sensibles et justifièrent un temps d'arrêt indispensable

pour remettre en ordre les unités.

Vers 5h, après entente avec le L^t Colonel C^t le 41^e

Colonial et le C^dt du 2^e B^tn de Chasseurs, le L^t Colonel C^t le

41^e Colonial prit la direction de l'attaque de ces 3 Corps, en

vue de refouler définitivement l'ennemi au-delà de Chuignes. Le

2^e B^tn attaquant les pentes N. du plateau 75. Le 37^e débouchant

de Chuignes et le 41^e Colonial se portant sur le B. situé au N. de ce village

ont réussi après avoir subi de fortes pertes à se rendre maîtres des

débouchés par l'E. du village de Chuignes.

Les pertes du Régiment sont les suivantes :

2 chefs de B^tn blessés

1 capitaine blessé

1 Lieutenant blessé grièvement

1 S^s Lieutenant tués

Environ 50 tués[3] et 180 blessés

Le 37^ème régiment fut donc très touché lors de cette journée du 25 septembre 1914. Grâce à Twitter, j'ai déjà appris le nom d'un autre soldat, Léon CABOT, mort à Chuignes le même jour qu'Albert. Avec le projet d'Indexation Collaborative des Morts pour la France de la Première Guerre Mondiale, il devrait être possible dans quelques mois de déterminer précisément quels étaient les noms des frères d'armes d'Albert qui ont perdu la vie à ses côtés. A suivre...

Notes et Sources :
[1] Théodore BERGER LEVRAULT, lieutenant au 37RI, né à Nancy(54)le 25/05/1887, mort pour la France le 25/09/1915 à Beauséjour (51), exactement un an après Albert http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/m00523a049cbf461/5242c0ef5cf22
[2] JMO du 37ème RI, 31/07/1914 - 17/02/1915, Cote 26N612/9, Vue 19/56 http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/ark:/40699/e005278fb0a029f1/5278fb0a6f324
[3] Dans sa lettre du 7 novembre 1914 à Lucie MERKLEN, le Brancardier VOGIN, qui relate aussi les événements du 25 septembre et indique avoir vu le corps d'Albert, donne le nombre de 52 tués.